Le marché de l’occasion

MARCHÉ

Le marché de l’occasion, ou l’occasion d’un nouveau marché

Publié le lundi 02 mars 2020

Contexte

Les produits d’occasion, ou de seconde main, sont des produits ayant déjà été utilisés et remis à la vente. S’ils pouvaient être mal perçus par les consommateurs au début du siècle, les Millennials trouvent aujourd’hui grand intérêt sur ce marché, qui leur offre une satisfaction éthique, écologique, sociale, mais aussi économique.

Les produits de seconde main connaissent depuis la dernière décennie un engouement significatif.
Selon Xerfi, le marché de l’occasion était estimé à 7 milliards d’euros début 2019. Le chiffre d’affaires réalisé par les biens de seconde main a évolué de 3,8 % entre 2013 et 2015, quand la consommation des ménages augmentait seulement de 1,6%. (Xerfi)

Avantage écologique… et économique

Si certains revendiquent leurs convictions écologiques, d’autres assument des précautions économiques. Dans tous cas, les consommateurs apprécient d’avoir accès à des produits de bonne (voire meilleure) qualité à des prix réduits.
Pour les revendeurs particuliers, l’occasion représente aussi un complément de revenu, marqué dans une démarche environnementale, au profit de leur pouvoir d’achat.

Si le secteur de l’habillement s’est emparé de ce marché, tous les secteurs d’activités commencent à s’y intéresser. Le prêt-à-porter, le mobilier, l’high-tech… plusieurs acteurs proposent des produits de seconde main, recyclés, reconditionnés ; ou encore la mise à disposition de services pour transiter vers l’économie circulaire.

Les pures players, les porteurs du marché

Le Bon Coin d’abord, Vinted ensuite, ces pure players ont motivé le mouvement de la revente entre particuliers. Les plateformes digitales ont en effet facilité le contact entre les vendeurs et les acheteurs. Grâce à la mise en place de dispositifs pour sécuriser le paiement, publier et consulter des avis clients, la confiance des consommateurs s’est améliorée, et a motivé les transactions entre particuliers.

Cette tendance n’a pas échappé aux plus grands. Après un échec en 2007, Facebook est revenu dix ans plus tard avec la mise en place d’une marketplace, également dédiée à la mise en relation entre vendeurs et acheteurs particuliers, et se place aujourd’hui en sérieux concurrent de Le Bon Coin.

Les pure players du marché de l'occasion

Une aubaine pour les enseignes spécialisées

Les enseignes spécialisées du marché de l'occasion

Les magasins physiques tirent aussi leur épingle du jeu. Certaines enseignes en ont fait leur cœur d’activité. Parmi les enseignes spécialisées historiques, nous connaissons KiloShop, qui propose la vente de vêtements et accessoires au kilo, mais aussi EasyCash, référence des produits d’occasion, du smartphone à la maroquinerie de luxe.

Une opportunité pour les enseignes

Les grandes enseignes généralistes ont elles aussi décidé de s’y intéresser : concept dédié ou diversification de l’offre, elles testent ce nouveau marché à l’avenir prometteur.

Dans le secteur du prêt-à-porter, Bocage propose « Comme Neuves », une offre de chaussures reconditionnées. Après avoir mis en place le service de location de chaussures « L’Atelier Bocage », l’enseigne remet en état ces dernières pour les reproposer à la vente.

Etam se lance également dans la seconde main par le biais de collecte de vêtements usagés destinés à être recyclés. Les enseignes sont de plus en plus à proposer ce service, comme Beaumanoir avec la mise en place de bornes de collectes dans ses magasins Bonobo.

Les enseignes opportunistes du marché de l'occasion

Dans le haut de gamme aussi on saisit l’opportunité de ce marché. Les Galeries Lafayette ont développé une plateforme en ligne de mise en relation entre particuliers pour la vente de produits d’occasions. La remise du produit se fait systématiquement en main propre et en magasin, contre un paiement en carte cadeau pour le vendeur, utilisable sur le site et les magasins Galeries Lafayette.

Chez l’enfant, IdKids innove et propose un service de revente des produits du groupe réservé à sa clientèle. Elle dépose en magasin ses articles en puériculture, jouets et textiles ; et bénéficie du montant de la vente en carte cadeau. Une manière responsable d’apporter du flux et du chiffre d’affaires à son magasin.

Le prêt-à-porter oui, mais pas que !

Si la vente entre particuliers performe et se déploie concernant l’équipement de la personne, ce n’est pas le cas pour tous les secteurs d’activité. En effet, pour les produits à forte valeur d’achat et plus techniques, les consommateurs sont encore méfiants. 20 % des français sont prêts à acheter un téléphone d’occasion à un particulier. Par ailleurs, 60% sont disposés à passer le cap chez un professionnel. (LesEchos)

Des enseignes ont su profiter de ce potentiel. WeFix (groupe Fnac-Darty) et Médiaclinic sont aujourd’hui devenus des références de la réparation et revente de produits mobiles et/ou HighTech d’occasion.

Dans la Grande Distribution, Mr Bricolage avait également pris le virage du marché de l’occasion en lançant La Dépanne, son site e-commerce de location, vente et achats de produits d’occasions.

D’autres grandes enseignes suivent le mouvement. Leclerc par exemple, lance son concept Leclerc Occasion. Le particulier dépose ses produits usagés (informatiques, bijoux, libraire, électroménager…) en l’échange de bons d’achats. Selon Capital, 25 sites proposent déjà cette offre, et une centaine d’unités devraient encore se déployer d’ici la fin de l’année.

Carrefour et Casino quant à eux développent des corners Outlet à des prix bradés, sur les produits non-alimentaires.

Du côté du sport, Décathlon organise des événements dédiés aux produits d’occasion : le Trocathlon ! Chaque magasin organise sa braderie sur une période, où les clients sont invités à déposer leurs articles ne servant pas (ou plus), en l’échange d’un bon d’achat en magasin dès contraction de la vente (réalisée en magasin par les vendeurs de l’enseigne).

Un marché accessible ?

L’investissement pour les porteurs de projet est plus ou moins important selon les formats de magasins spécialisés dans la vente de produits d’occasions. Selon L’Observatoire de la Franchise, il faut compter un investissement global allant de 180 à 450 000 euros. Un projet est possible à partir de 50.000 € d’apport pour les plus petits formats en centre-ville.

Si le marché de l’occasion a pu être subi dans un premier temps par le commerce, c’est aujourd’hui une réelle opportunité de diversification. Sous la forme de corners, d’événements, ou de services, les moyens sont nombreux pour favoriser la seconde main.