Cette fameuse crise due à la COVID-19 rebat les cartes. Elle le fait depuis près d’un an sur les sujets de l’exploitation, de la gestion sociale de ses effets, de ses conséquences souvent dramatiques du point de vue financier … mais ce qui semble flagrant aujourd’hui, avec la persistance de cette crise, c’est qu’elle chamboule les stratégies les plus établies des enseignes.

Vu du terrain, c’est-à-dire en étant en prise directe avec plusieurs dizaines d’enseignes, cela se traduit par des virages parfois assez radicaux dans les priorités de développement.

Là, une enseigne de restauration rapide à thème essentiellement présente dans les grands centres commerciaux du pays choisit de se désengager de la plupart de ses implantations pour privilégier les pieds d’immeubles de centre-ville : l’attitude de certaines foncières renforçant le cruel manque à gagner provoqué par la désertification des « Malls » français.

Ailleurs, c’est le témoignage d’une franchisée qui renforce sa confiance dans le modèle de corners dans les centres commerciaux : « la tête de réseau nous a donné les chiffres : -20% dans les centres commerciaux et -40% dans les centre-villes. Je me réjouis donc de mon choix d’implantation. »

Une autre enseigne change totalement son fusil d’épaule en mettant en pause son programme de développement de succursales pour « tenter » l’aventure des dark kitchen : « ça me permet de travailler sur ma marque, la faire connaître à une nouvelle clientèle pour m’y implanter en physique le moment venu si l’expérience est concluante ; le tout presque sans investissement. Il y aura peut-être alors un coup à faire sur un beau local… »

Et nous touchons là l’objectif de beaucoup de têtes de réseaux et de commerçants : préserver son cash, son capex et ses capacités de financement autant que faire se peut pour permettre l’investissement à bon compte dans des emplacements jusque-là réellement intouchables ou raisonnablement pas envisageables.

Beaucoup de rideaux sont baissés, c’est certain. Nous savons tous désormais qu’il est souvent plus intéressant de suspendre complètement son activité en période d’urgence sanitaire que de la maintenir en mode dégradé.

Beaucoup n’ouvriront plus, c’est un fait certain.

Mais les emplacements de qualité, les réels Top Numéro 1, tout comme les meilleurs centres commerciaux conserveront quasi intacts leur attrait commercial et donc leur valeur.

Au vu du nombre de réseaux, groupes et commerçants qui patientent le chéquier à la main, il est à peu près certain que les « bons coups » ne seront pas là où on les attend.
L’année nouvelle sera donc particulièrement riche en surprises, à n’en pas douter.